DISCOURS DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETATAL’OCCASION DE L’OUVERTURE DU DIALOGUE DE TRES HAUT NIVEAU SUR L’AFFORESTATION, LA BIODIVERSITE ET LA FINANCE CLIMATIQUE EN RCA.
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Unité – Dignité – Travail
DISCOURS DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETATAL’OCCASION DE L’OUVERTURE DU DIALOGUE DE TRES HAUT NIVEAU SUR L’AFFORESTATION, LA BIODIVERSITE ET LA FINANCE CLIMATIQUE EN RCA.
BANGUI, 14 OCTOBRE 2024
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique ;Madame la Représentante de l’Initiative des Forêts d’Afrique Centrale ;Monsieur le Gouverneur de la Région du Bas-Oubangui ;Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bangui ;Mesdames et Messieurs les Représentants des Administrations Sectorielles, du Secteur Privé et de la Société Civile ; Distingués Invités;Mesdames et Messieurs ;C’est avec un réel plaisir que je vous accueille aujourd’hui dans le cadre de ce Dialogue qui nous offre une excellente occasion de traduire les ambitions climatiques en opportunités d’actions pratiques et d’harmoniser nos points de vue sur les questions brûlantes du moment sur le Changement climatique et la Biodiversité.Et, d’ailleurs, le récent Rapport du Groupe Intergouvernemental d’experts sur le Changement Climatique (GIEC) confirme nos craintes. En effet, les cinq dernières années devraient constituer la période la plus chaude jamais enregistrée, selon un rapport publié par l’ONU qui estime que les efforts des pays doivent être multipliés par cinq afin de maintenir l’objectif de réduction de +1,5°C d’ici 2100.L’Afrique se réchauffe plus rapidement que le reste du monde. Si le phénomène n’est pas stoppé, le Changement climatique continuera à avoir un impact gravement toxique sur la croissance des économies africaines. Le Changement climatique n’a épargné aucun secteur. Je ne voudrais pas céder au pessimisme et je sais qu’au tableau général nous avons bien heureusement quelques lumières et de nombreux indicateurs favorables suite aux différents appuis à la mise en œuvre du document de relèvement que nous avions rédigé.Distingués invités ;Mesdames, Messieurs,En ma qualité de Président en Exercice de la CEMAC, je saisis la présente occasion pour mettre l’accent sur les défis qui nous préoccupent tous, notamment la dangereuse question de la déforestation, l’appui aux solutions d’atténuation pour augmenter les ambitions et r les conditions de financement climatique. Je voudrais souligner, en ce qui concerne la République Centrafricaine que la déforestation et la dégradation des écosystèmes sont les principaux problèmes environnementaux. En effet, les dernières études relatives aux facteurs de déforestation et de dégradation de l’environnement ont mis en évidence l’incidence négative des activités agricoles et de transhumance d’une part, l’exploitation minière et forestière artisanale d’autre part tant pour la production de bois d’œuvre, des produits forestiers non ligneux que le bois de chauffe. Le braconnage national et transfrontalier constitue une menace sur la faune notamment sur les grands mammifères. Tout comme la dégradation des terres, l’érosion des sols, accentuée dans les Régions de la Mambéré et la Mambéré-Kadeï ainsi que la désertification généralisée s’observent déjà dans l’extrême Nord. Ainsi, la vulnérabilité du pays face aux défis socioéconomiques et aux changements climatiques est élevée en raison, entre autres, de l’extrême pauvreté et de la faible capacité de réponse face aux catastrophes naturelles. Les communautés urbaines et rurales pauvres sont particulièrement vulnérables aux effets combinés des températures extrêmes et de la modification des régimes pluviométriques qui ont des répercussions sur plusieurs secteurs de l’économie du pays, y compris sur la santé des populations. Les aléas climatiques sont à l’origine des vagues de chaleur, des vents violents, des inondations et des autres phénomènes connexes. La République Centrafricaine, depuis la Conférence de RIO en 1992, a ratifié la plupart des Accords multilatéraux et mis en place une politique de la gouvernance environnementale et changement climatique, contenu dans le Code de l’Environnement et le PSO-CC qui vise les secteurs prioritaires tels que : Agriculture et Elevage, Ressources en Eaux, Ressources Naturelles (Forêts, sols, et faune), Energie, Santé et Assainissement, Transport, Aménagement du Territoire, Education, Industries, Mines et Pétrole. La politique environnementale nationale est encadrée par des textes législatifs et institutionnels couvrant différents domaines.Mesdames, Messieurs ;Chers Participants,Malgré les défis contextuels auxquels la République Centrafricaine est confrontée, le Gouvernement a pris des mesures importantes pour construire son portefeuille climatique et environnemental, particulièrement par l’adoption de l’Accord de Paris, l’élaboration du plan national d’adaptation et du Cadre National d’Investissement, la révision de son document de Contribution Déterminée au niveau National en 2021. La mise en œuvre de la Contribution Déterminée au niveau National révisée présentée à la COP 26, nécessite un budget total estimé à 1 764 milliards de Dollars américains. Par ailleurs, afin de combler le déficit de ressources, le Gouvernement a créé un Fonds National pour le changement climatique, en abrégé (FONACAR) qui ambitionne de mobiliser 108,6 milliards de F CFA d’ici 2030. Au regard de la volonté, j’ai placé le développement durable parmi les grandes priorités de ma profession de foi, et au regard du cadre institutionnel, normatif et réglementaire ainsi que de toutes les politiques, plans et stratégies mis en place, la République Centrafricaine s’offre des opportunités de mobilisation de ressources additionnelles et prévisibles dans le cadre de la relance de l’économie verte.Vous conviendriez avec moi, Mesdames et Messieurs, que l’environnement représente un enjeu majeur pour le développement durable de la République Centrafricaine qui vise à concilier les besoins économiques, sociaux et écologiques des générations présentes et futures. La protection de l’environnement nécessite à ce titre une action collective et coordonnée des acteurs nationaux qui doivent s’appuyer sur des cadres juridiques et institutionnels adaptés et efficaces. La question environnementale s’impose donc à la société centrafricaine qui est confrontée aux défis du changement climatique, de la perte de la biodiversité et de la pollution. Face à ces problèmes, il est nécessaire de mobiliser les connaissances scientifiques, techniques et pratiques qui permettent de comprendre, d’évaluer et de gérer les interactions entre les activités humaines et l’environnement. La République Centrafricaine dispose de ressources naturelles abondantes et enregistre plus de 80 milliards de m3 d’eau (de surface et souterraine) annuellement et disponibles dont le cycle est alimenté par plus de 160 milliards de m3 en moyenne de pluie. Le volume d’eau ainsi généré par les précipitations constitue la base des ressources en eau renouvelables irrigant 1,9 millions d’hectares de terres et permettant environ 37 000 tonnes métriques d’eau douce disponible par habitant.Le pays dispose de 15 millions d’hectares de terres arables, de vastes zones de pâturages et de parcours estimés à 16 millions d’hectares et un massif forestier estimé à 28 millions d’hectares dont 5,4 millions d’hectares de forêt dense humide. A cela s’ajoute des ressources minières diverses dont seulement l’or et le diamant sont exploités de manière insuffisante pour profiter à toute la population. En clair, nous devons répondre à la préoccupation majeure qui est celle de savoir comment garantir une gestion durable des ressources naturelles sans compromettre les besoins des générations présentes et futures ? Le paradoxe entre le potentiel naturel et la pauvreté endémique qui caractérise le pays constitue un défi que le Gouvernement s’est engagé à résoudre à travers plusieurs politiques, plans et stratégies qui prennent en compte la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.Mesdames et Messieurs ;L’Empreinte Écologique de la République Centrafricaine est très faible et sa bio capacité demeure bien supérieure à son usage actuel, ce qui démontre que le pays est sur la trajectoire du développement durable. Il convient cependant de relever que la bio capacité de la République Centrafricaine pourrait diminuer à l’avenir en raison des effets du changement climatique, parallèlement à l’augmentation de son empreinte écologique de concert avec la croissance démographique et des revenus.Distingués Invités ;Mesdames et Messieurs ;Les différentes présentations faites par les membres du Gouvernement et le Représentant-Résident du PNUD, relatives à l’atténuation des impacts des systèmes productifs sur l’environnement constituent l’enjeu de ce dialogue.Le système de production en République Centrafricaine demeure peu adapté aux enjeux environnementaux, couplé à une faible capacité de résilience aux chocs naturels. Compte tenu de la vulnérabilité du pays, la forte exposition aux aléas climatiques affecte les conditions de production notamment dans l’agriculture et l’élevage, la foresterie, l’énergie et les mines.Dans le secteur de l’agriculture, ces impacts réduisent les rendements, la qualité et la sécurité alimentaire ainsi que la compétitivité et la rentabilité des exploitations dans le sous- secteur agro-sylvio-pastoral. Le système de production centrafricain fait face à de nombreux défis. Aussi, le Gouvernement avec l’appui de l’Initiative des Forêts d’Afrique Centrale a élaboré le Cadre National d’Investissement dans lequel la volonté politique du Gouvernement de mettre en place des systèmes de production qui intègrent la dimension environnementale est bien prise en compte. Cette ambition devra se traduire par la migration vers des systèmes de production respectueux de l’écosystème naturel avec zéro déforestation intégrant l’approche de l’économie circulaire.Par conséquent, j’instruis les Ministres chargés de l’Environnement et du Développement Durable, des Finances et des Eaux et Forêts qui sont les Points Focaux CAFI de la République Centrafricaine, d’approfondir le dialogue avec CAFI en vue de la signature d’une lettre d’intention sur la base des priorités du Gouvernement présentées par le Ministre chargé de l’Environnement que nous venons tous de valider. J’instruis également le Ministre chargé de l’Economie et du Plan, de veiller à ce que toutes les données écologiques soient systématiquement intégrées dans la planification du développement socioéconomique afin de permettre à notre pays d’être sur une trajectoire de développement sobre en carbone.Je saisis cette occasion pour remercier le Conseil d’Administration de CAFI d’avoir octroyé 10 millions de Dollars américains à la République Centrafricaine, pour un projet de démonstration sur lequel nous souhaitons nous concentrer sur la zone de Bangui et ses périphéries afin de démontrer la capacité de réduction des émissions de notre pays. Je me réjouis du fait que dans le Plan National de Développement de la République Centrafricaine 2024-2028, l’accent est mis sur le Service de régulation du climat mondial, les services écosystémiques–monétaires, la valeur d’échange réelle ou hypothétique des services utilisés et la valeur des écosystèmes sur la base des flux de valeur actuels et projetés.Je demande aux partenaires Techniques et Financiers de prendre en compte la situation particulière de mon pays dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques en valorisant le prix du marché existant, les systèmes d’échange de quotas d’émission (cap & trade) et programmes de compensation carbone également les coûts des dommages évités « Coût social du carbone ».Le marché carbone présente une opportunité de diversification de revenus pour le pays au moment où nous faisons des efforts à travers le Ministère en charge des Finances, pour l’augmentation des ressources domestiques. L’appui de nos partenaires au développement serait le bienvenu. C’est la condition sine qua non pour atteindre la neutralité carbone en 2050, enrayer l’érosion de la biodiversité et sauver notre planète qui s’effondre.Pour conclure, je voudrais saluer les efforts nationaux et internationaux qui ont permis la tenue de cette assise, dans de bonnes conditions.A l’endroit des partenaires au développement, tout en les remerciant pour leurs appuis multiformes à la République Centrafricaine, je sollicite leur disponibilité à accompagner les efforts que déploie le Gouvernement pour respecter ses engagements en matière de lutte contre les changements climatiques. Et je sais compter sur eux tous. Je tiens à exprimer une fois de plus la reconnaissance du Gouvernement centrafricain à l’endroit du PNUD, pour les efforts déployés à ses côtés dans la mise en œuvre des engagements internationaux pour l’Environnement.Je souhaite pleins succès à vos travaux.Je vous remercie.
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