MESSAGE A LA NATION DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT PRESIDENT EN EXERCICE DE LA CEMAC A L’OCCASION DE LA COMMÉMORATION DU 64EME ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE DE LA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE BANGUI, 13 AOÛT 2024

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MESSAGE A LA NATION

DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT

PRESIDENT EN EXERCICE DE LA CEMAC

A L’OCCASION DE LA COMMÉMORATION DU 64EME ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE DE LA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

BANGUI, 13 AOÛT 2024

Centrafricaines;

Centrafricains;

Mes très Chers Compatriotes;

Demain, 13 août 2024, nous célébrerons, avec ferveur, dans l’unité et la dignité retrouvées, le 64ème anniversaire de la proclamation de l’Indépendance de la République Centrafricaine, notre beau pays.

C’est toujours avec un immense plaisir et une légitime fierté que je m’adresse à vous, à l’occasion de ce jour glorieux qui a vu briser la tyrannie, l’oppression et les brimades imposées à tant de générations d’Oubanguiens durant des décennies ; ce jour où nos ancêtres ont respiré l’air de la liberté et pouvaient jouir de la plénitude de leurs droits humains dans un Etat démocratique.

La colonisation, vous le savez, fut l’une des manifestations virulentes d’une injustice patente, une œuvre de déshumanisation de nos ancêtres, un des crimes les plus graves contre l’humanité.

Sous la direction éclairée d’un leader providentiel qui devint le Père Fondateur de la République Centrafricaine, feu Président Barthélemy BOGANDA, nos ancêtres, profondément épris de paix et de liberté ont mené, dans un état de foi inébranlable et d’espérance, de longues luttes légitimes, justes, pour s’affranchir du joug colonial, briser la misère et la tyrannie et brandir l’étendard de la patrie.

La proclamation de l’Indépendance, le 13 août 1960 par le feu Président David DACKO, après la disparition tragique du Père fondateur de la République, marqua la fin des décennies de souffrances, de privations, de sujétions et d’amertume, endurées par nos ancêtres et l’avènement d’un monde nouveau où règnent la justice et l’indiscutable égalité des hommes.

Par cette longue conquête de la liberté et de l’autodétermination, nos ancêtres nous ont légué quelques exemples d’un courage, d’une résilience et d’un héroïsme les plus sublimes et les expressions les plus touchantes de fraternité et de grandeur spirituelle que nous devons transmettre aux générations futures.

Permettez-moi donc de saluer le courage, l’abnégation et le travail acharné de tous nos devanciers qui ont maintenu et transmis la flamme de l’espérance, de la liberté et l’unité de la Nation, en dépit des vicissitudes de l’histoire.

En ce jour de fête nationale, je voudrais ici renouveler la profonde gratitude de la Nation à nos Forces de défense et de sécurité, à la MINUSCA et aux forces alliées bilatérales russes et rwandaises, pour les sacrifices consentis pour la défense des droits de l’Homme, de la démocratie et de la souveraineté de notre pays.

Pour honorer les mémoires de tous nos grands combattants de la liberté, j’ai décidé d’organiser demain une parade militaire au Camp KASSAÏ, à laquelle je vous convie.

Mes très Chers Compatriotes;

Le 13 août, ce jour qui a vu allumer la flamme de notre liberté, est le fondement de notre responsabilité collective.

Cette date historique incarne aussi notre volonté d’évoluer sur un pied d’égalité avec les autres nations du monde, dans les seules limites établies par la Charte des Nations Unies, et cela se manifeste tous les jours, même à petite échelle.

La fête nationale nous donne l’occasion de renouveler notre engagement commun à préserver et à défendre l’intégrité du territoire de notre pays ainsi que son droit inaliénable au plein exercice de la souveraineté sur son sol, son sous-sol et son espace aérien.

C’est aussi l’occasion pour nous, filles et fils de ce merveilleux pays, quelles que soient notre appartenance politique et nos convictions religieuses, de raviver notre engagement patriotique à construire un Etat de droit fondé sur une démocratie pluraliste, le respect de la séparation des pouvoirs en vue de garantir la sécurité nationale, la protection des personnes vulnérables, des personnes vivant avec handicap, des minorités et le plein exercice des libertés et des droits fondamentaux.

C’est enfin l’occasion pour chaque citoyen de s’engager résolument à proscrire la corruption, à promouvoir la bonne gouvernance, l’amour de la Patrie et à soutenir la modernisation de l’Etat et de l’économie nationale.

Nous sommes tous conscients que nous avons perdu plusieurs décennies dans des guerres fratricides qui avaient pour seul but la satisfaction de nos intérêts égoïstes au détriment du développement économique et social de notre pays.

Aujourd’hui, certains d’entre nous, malheureusement, continuent de créer ou d’entretenir des associations funestes aux droits humains et de concevoir des trames criminelles pour maintenir le pays dans l’instabilité, les larmes, le feu et le sang.

Mes très chers Compatriotes ;

N’oublions pas que nous nous devons tout entier à la patrie ; qu’il est de notre devoir le plus sacré de resserrer entre nous les liens de la Nation et de répandre le principe du « ZO KWE ZO » énoncé par le Père fondateur de la République, afin de nous préparer avec autant de sagesse que de courage à faire face aux grands défis qui se posent à l’humanité tout entière et à notre pays.

Nous pouvons, par un généreux dévouement, rompre le fil de la mauvaise gouvernance, de la corruption, de la violence, de la haine et de la vengeance pour construire ensemble la 7ème République, sur le fondement solide de l’amour du prochain, de l’amour de la patrie, de la concorde nationale, de l’égalité des chances.

Ces dernières années, marquées par les bouleversements des équilibres internationaux et les nombreux conflits dans le monde, qui viennent exacerber les effets néfastes de la pandémie du COVID-19 et du changement climatique, nous rappellent à quel point il est précieux de pouvoir vivre en sécurité à l’intérieur de nos frontières et de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Il se pose donc une réalité qui nous oblige à penser différemment en définissant de nouveaux moyens de tirer équitablement profit de nos richesses et de contribuer à redéfinir le système international afin que la notion de souveraineté soit la même pour tout le monde.

La Constitution du 30 août 2023 que vous avez adoptée à plus de 95% et qui fonde la 7ème République, donne un souffle nouveau et plus de stabilité et de souveraineté à notre pays, plus de vitalité à notre jeune démocratie, crée les conditions de la relance économique de notre pays par la revalorisation de nos ressources naturelles et la diversification de notre coopération.

Aujourd’hui, il est de notre devoir de marcher tous ensemble vers la prospérité en adoptant les bonnes stratégies et en forgeant un avenir où chaque citoyen pourra véritablement définir son destin.

Je me réjouis de constater que les efforts déployés depuis le retour à l’ordre constitutionnel, en dépit des difficultés connues, ont permis des progrès significatifs dans plusieurs domaines, notamment dans ceux de la sécurité, de la paix, de la restauration de l’autorité de l’Etat, de la démocratie, de l’Etat de droit, de la réconciliation nationale, de la lutte contre l’impunité, de l’accès à l’éducation nationale, à la santé, à l’eau potable, à l’électricité, des infrastructures routières, de la bonne gouvernance, de la modernisation de l’économie, de la protection de nos ressources naturelles, de la lutte contre la corruption, de la protection des femmes, des jeunes filles, des enfants et des minorités contre les violences basées sur le genre et la traite des personnes.

Tout en vous félicitant pour les progrès accomplis, je me fais le devoir de vous rappeler que nous devons redoubler d’efforts si nous voulons rattraper l’énorme retard de développement causé par des décennies de crises militaro-politiques.

Mes très Chers Compatriotes ;

Comme vous le savez, aucune indépendance n’est réelle sans une armée forte, professionnelle, sans une justice indépendante, sans une croissance inclusive, sans une éducation et une santé de qualité, sans une implication réelle des peuples concernés.

Depuis le retour à l’ordre constitutionnel, nous travaillons ensemble à répondre aux attentes légitimes de nos concitoyens dans ces domaines.

Ainsi que je l’ai rappelé, dans les circonstances pressantes que sont les nôtres, la Politique nationale de défense et de sécurité et la Loi de programmation militaire nous ont permis de rajeunir nos forces de défense et de sécurité, de renforcer leurs capacités opérationnelles et de les rendre professionnelles, pluriethniques et nationales.

Hélas ! Nous étions confrontés à un handicap majeur, à savoir l’embargo sur les armes à destination de nos forces de défense et de sécurité, imposé depuis 2013 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, dans un contexte de guerre civile d’une rare cruauté.

Depuis le 30 mars 2016, je n’ai lésiné sur aucun moyen disponible ni manqué une occasion des rencontres internationales pour demander la levée totale de l’embargo qui n’était ni juridiquement ni politiquement justifié.

Dans ce combat pour la levée totale de l’embargo qui limitait l’exercice de notre souveraineté, les soutiens de nos frères et amis ainsi que des organisations auxquelles appartient notre pays ne nous ont pas fait défaut.

Depuis le 30 juillet dernier, l’embargo sur les armes à destination de nos forces de défense et de sécurité, est définitivement levé.

En dépit des préjudices irréparables que cet embargo nous a causés individuellement et collectivement, je tiens à vous féliciter, mes très chers Compatriotes, pour votre sens de sacrifice, votre résilience et votre patriotisme exemplaires.

En ce jour solennel, je voudrais remercier du fond du cœur, et en votre nom, tous les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour le vote à l’unanimité de la Résolution 2745/2024 relative à la levée totale de l’embargo sur les armes.

Je tiens également à adresser notre gratitude à l’Union Africaine, à la CEEAC et la CIRGL pour leur marque de solidarité.

Je tiens particulièrement à témoigner la reconnaissance de la Nation à leurs Excellences :

– João Manuel Goncalves LOURENÇO, Président de la République d’Angola,

– Denis SASSOU NGUESSO, Président de la République du Congo,

– Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République Démocratique du Congo, pour leur plaidoyer auprès du Conseil de Sécurité et les appels à la solidarité africaine en faveur de la levée totale de l’embargo sur les armes à destination de notre pays.

Jamais la République Centrafricaine n’a pu bénéficier d’un tel élan de solidarité africaine et internationale dans sa lutte pour la souveraineté nationale.

Il nous faut cependant éviter le danger du triomphalisme. Tout en nous réjouissant de cette décision du Conseil de Sécurité, nous devons désormais rester vigilants pour contrer toutes les velléités de déstabilisation de notre pays et préserver la paix et l’unité nationale retrouvées.

J’engage le Gouvernement à redoubler d’efforts pour mobiliser davantage les ressources et les soutiens nécessaires pour renforcer la capacité opérationnelle de nos forces de défense et de sécurité.

Mes très Chers Compatriotes ;

En organisant la parade militaire demain au Camp KASSAÏ, nous voulons renouveler la mobilisation citoyenne pour la défense de la souveraineté nationale et assigner à la jeunesse, porteuse de nos espérances, les valeurs du sacrifice et du patriotisme.

J’ai rappelé, en plusieurs circonstances, que l’Armée concentre en elle-même les valeurs de l’unité nationale, de la discipline, du patriotisme, de la loyauté, du sacrifice et de l’engagement au service de la Nation, valeurs héritées de nos ancêtres, que nous devons pérenniser et transmettre aux générations futures.

Je tiens à féliciter et encourager les officiers, sous-officiers et hommes du rang de nos forces de défense et de sécurité, pour leur professionnalisme, leur patriotisme exemplaire et leur sens aigu de sacrifice suprême qui ont permis de restaurer l’autorité de l’Etat sur notre territoire, de défendre l’intégrité territoriale, de préserver la stabilité de notre pays et d’obtenir la levée de l’embargo.

Je tiens à leur renouveler toute ma confiance et mon admiration ainsi que mon engagement à tout mettre en œuvre pour les doter de moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs missions régaliennes au service de la Nation.

Je saisis cette occasion pour réitérer mon appel à l’endroit des combattants des groupes armés réfractaires à la paix pour qu’ils déposent les armes et reviennent dans la République, dans le cadre de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation nationale et de la Feuille de route conjointe de Luanda.

Dans une période aussi grave, pleine de périls pour le monde et particulièrement pour notre pays encore fragile, une période où la paix devient une denrée rare, mon rôle, dans le cadre de mes responsabilités de Père de la Nation, est de tendre la main à tous ceux qui, pour des raisons diverses, ont pris des armes contre la Patrie.

Vous le savez, seul le souci de mettre fin au cycle de violence a toujours guidé mon action à la tête de l’Etat.

Mes très Chers Compatriotes ;

Je réaffirme ce soir que l’ancrage démocratique engagé se poursuivra inéluctablement d’ici quelques mois, par l’organisation des élections locales après près de quarante (40) années d’interruption, ceci afin de permettre la participation accrue des citoyens à la gestion de leur environnement de vie.

Je continue de lancer un appel patriotique à tous les partis politiques pour une grande mobilisation en vue de la réussite de ces élections que nous souhaitons tous inclusives, transparentes, démocratiques et apaisées.

J’entends des voix discordantes qui tentent de propager des désinformations afin de troubler la quiétude de la population.

Je dois rappeler que les hommes politiques ne devraient pas avoir peur des élections, peur du pouvoir du peuple.

En dépit de nos divergences, nous avons la maturité de reconnaître que la République Centrafricaine est au-dessus de nous tous et de tous nos intérêts personnels.

Le peuple veut la paix, la sécurité, la stabilité, l’unité nationale et le progrès.

Pour ma part, je ressens, comme en 2016, un désir ardent de construire un Etat démocratique où il y a encore des raisons d’espérer, des raisons d’être fiers, un pays débarrassé de la violence, du tribalisme, du népotisme, du régionalisme, de la corruption, de l’impunité, de la mauvaise gouvernance.

Je voudrais à cet égard saluer et encourager toutes les institutions de la République, tous les partis politiques ainsi que la société civile pour leurs rôles éminemment importants dans la consolidation de l’unité nationale, de l’Etat de droit et la souveraineté nationale.

Je voudrais donc vous demander, mes très Chers Compatriotes, de regarder par-dessus les défis d’aujourd’hui vers les espoirs de demain, de ne pas seulement penser à la satisfaction des intérêts immédiats et personnels, mais d’axer vos réflexions sur l’émergence de notre pays.

L’appel que je vous lance en ce jour de fête nationale est que nous devons préserver et consolider la paix, la stabilité et l’unité nationale.

Nous devons redoubler d’ardeur au travail pour consolider nos réalisations afin de les rendre plus durables et pérennes.

Ensemble, main dans la main, nous pouvons réaliser le rêve de nos ancêtres et l’espoir suscité par l’indépendance.

Je remercie la communauté internationale qui s’est toujours mobilisée à nos côtés pour nous aider à trouver une réponse globale aux différents défis auxquels nous devons faire face.

Au demeurant et pour terminer, je vous invite et vous exhorte à doubler de vigilance et d’efforts pour protéger les acquis obtenus au prix de durs labeurs et sacrifices, car l’avenir de notre pays en dépend.

A vous tous, mes très Chers Compatriotes de l’intérieur comme de l’étranger, je vous souhaite, du fond du cœur, une bonne et heureuse fête de l’indépendance.

Vive la République !

Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son Peuple !

Je vous remercie.

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